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Pour la beauté de l'essai d'Emmanuel Demarcy-Mota

Dans un vaisseau amiral comme le Théâtre de la Ville, avec une salle de 1000 places et une autre de 400 places, la question de l’expérimentation est aussi délicate que nécessaire.

Dans un vaisseau amiral comme le Théâtre de la Ville, avec une salle de 1000 places et une autre de 400 places, la question de l’expérimentation est aussi délicate que nécessaire.
La politique artistique qui est la nôtre, centrée sur la création et la singularité de chaque auteur, qu’il soit dramatique ou chorégraphique, porte en elle-même une grande part de ris- ques aussi bien esthétiques qu’éthiques. Ne pas se contenter d’organiser du déjà-vu, chercher toujours à révéler des œuvres et des auteurs est une façon de résister à toute forme de nor- malisation culturelle.
Malgré l’absence d’un théâtre-studio qui favoriserait la recherche et l’élaboration de formes et de formats nouveaux, nous tenons à défendre les artistes, assez nombreux dans les temps récents, capables de modifier les frontières entre les arts en inventant de nouvelles modalités et de nouvelles formes de leurs rencontres. Par là, nous revendiquons une place à l’inhabituel, à l’inconnu, à l’imprévu, et tentons de mettre chaque jour ce désir en pratique. C’est une part de ce désir qui est mise en œuvre avec Danse élargie. Au fond, il pourrait s’agir de défendre l’idée d’un concours désintéressé, ce qui veut dire que l’intérêt en est immense, et qu’il se situe exclusivement sur le plan de l’art, de quelque façon qu’on l’entende, et sans que cela doive effrayer quiconque serait porteur à l'égard de la danse de convictions fermes, d’audace, d’imagination et de talent.
Pour cela, le règlement : « trois interprètes, dix minutes », est un axiome simple, qui doit se prêter à des géométries variables. Les libertés formelles, dans une cité, contribuent aussi aux libertés réelles.
En outre l’évaluation, ce mot au nom duquel on opprime aujourd’hui les sujets de tous les côtés,seborneiciàunereconnaissanceentreartistes :ceuxsurlascèneetceux,dedisci- plines diverses, qui constituent le jury. Les jugements seront donc à bon droit sans appel, sauf à ce qu’un artiste s’en explique avec un autre artiste. Une république d’égaux, en somme. Qu’il y ait débat n’en est que plus souhaitable, mais débat sur la chose même.
Au centre de Paris, un chorégraphe et un metteur en scène s’associent pour un projet dont ils espèrent qu’il peut répondre à certaines des préoccupations d’artistes aujourd’hui, danseurs, comédiens, plasticiens, qui s’en emparent comme d’un jeu. Un jeu que nous espérons joyeux et qui va envahir la grande scène du théâtre. Pour la beauté de l’Essai.
Emmanuel Demarcy-Mota

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